Traversée Canaries - Cap Vert
du 17 décembre au 23 décembre 2011


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Le samedi 17 décembre 2011, nous quittons le port de Las Palmas à 11 heures pour notre plus grande traversée depuis le départ.
Chaque jour, afin de rassurer nos proches, nous envoyons par la BLU un petit récit de nos aventures ainsi que notre position.
Le livre de bord qui suit est un résumé de ces nouvelles.

  Sud Gran Canaria  Force 6  Coucher de soleil  Vitesse

Le 18 décembre 2011 (1 heure 23 du matin) :

Nuit noire, c'est mon tour de quart pour 3 heures et ça bouge.
La météo est totalement différente de celle prévue juste avant notre départ.
Nous n'avions pas quitté les côtes de Gran Canaria que le vent fraîchissait déjà à plus de 25 nds, puis rapidement à 30 nds.
Il dépasse souvent les 40 nds (47 maxi), il vient de l'arrière et entretient une mer très agitée.
Bref, vivement que ça mollisse un peu.
Notre bon Yann ar Mor nous tire avec un petit bout de génois.
Sinon pas de souci, c'est un bon bateau, nous nous sentons en sécurité.

Le 18 décembre 2011 (20 heures) :

Toujours beaucoup de vent et de houle.
A 18 h, nous sommes allongés dans le carré quand une grosse déferlante s'invite à bord, débordant en cataracte dans le carré après avoir inondé le cockpit.
Heureusement, les hublots de cockpit étaient fermés, nous avons épongé, mais l'eau partie sous les planchers sera évacuée à l'arrivée.
L'amarinage est difficile, on sera mieux demain j'espère.
Tout va bien sinon.

Le 19 décembre 2011 :

Le vent a enfin un peu molli aux alentours de 20 nds depuis ce matin, ça bouge encore pas mal mais c'est moins inconfortable.
Les déferlantes, parfois plus hautes que les panneaux solaires, se sont calmées et semblent ne plus vouloir remplir le cockpit.
L'anémomètre a relevé hier 58 nds en vitesse maximale de vent, impressionnant !
La vitesse de Yann ar Mor a atteint son record, 16 nds au GPS, sans doute dans un surf.
Là, nous avançons entre 6 et 6,5 nds environ.
A 11 h (heure de notre départ de Las Palmas), nous avons parcouru 294 Mn en 2 jours.
Si cela continue, nous mettrons moins de 6 jours, il nous reste moins de 500 Mn, mais ne soyons pas impatients.
Nous sommes à la latitude 23° 42, nous n'allons plus tarder à entrer dans les tropiques (23° 27), le tropique du Cancer sera t-il signalé par une ligne dans le ciel ?


Le 20 décembre 2011 :

Yann ar Mor poursuit son chemin à plus de 6 nds de moyenne (6,2 depuis le départ de Las Palmas), poussé par un vent de NE assez régulier à plus de 20 nds.
Tout va bien, même si parfois cela nous semble un peu long.
Mais la récompense est au bout, quelle belle aventure !
Rejoindre les Antilles à la voile est un but fascinant qui ne nous éloignera pas trop de nos proches.
Nous pourrons y laisser le bateau quand nous reviendrons par avion passer l'été en France.
En attendant, le Cap Vert nous attend, encore 380 Mn, nous y serons dans trois jours.
Finalement, on s'habitue aux incessants mouvements du bateau.
Josiane a encore bien assumé ses quarts de nuit, elle dort en ce moment dans la cabine arrière bâbord, elle a bien besoin de sommeil elle aussi.
Nous reprenons plaisir à manger, nos estomacs ont compris que toute mutinerie à bord de leur part était vaine.


Le 21 décembre 2011 :

Cette nuit mon équipière, après ses trois heures de quarts (0 à 3 h) n'a pas voulu me réveiller sachant que je n'avais pas beaucoup dormi les jours précédents.
Elle lisait à la lueur de trois leds sur le front, allongée sur la banquette tribord du carré. Maintenant, nous faisons nos quarts de nuit à l'intérieur.
Le vent a molli aux alentours de 15 nds et sans doute moins aujourd'hui selon les fichiers gribs.
Les mouvements que la mer donne au bateau, sont un peu moins désagréables.
Par contre, avec moins de vent, notre génois n'aime pas le déventement créé par le passage d'une houle parfois plus haute que les autres, qui le fait claquer sèchement.
En plus d'une bonne secousse dans le gréement, cela ne doit pas arranger notre bon vieux génois.
La moyenne diminue, nous laissant entrevoir une sixième nuit qui dans le fond, devrait nous permettre d'arriver à Sal avec le jour.


Le 22 décembre 2011 :

C'est la fête à bord pour l'équipage, nous débouchons à midi une petite bouteille de champagne pour souhaiter joyeusement nos 40 ans de mariage.
Il fait beau, la mer s'est un peu calmée, peu de poissons volants mais quel plaisir de les voir planer au-dessus des vagues.
Le vent apparent est ensuite passé progressivement au travers, fraîchissant à 20 nds et couvrant le bateau d'une fine poussière rouge.
Le GPS affiche une ETA (heure estimée d'arrivée pour les non initiés) entre minuit et une heure.
Aussi, nous réduisons la surface du génois en l'enroulant un peu pour ne pas atterrir de nuit.
Notre vitesse passe à 5 nds au lieu de 6 à 7 nds avant la réduction de surface de notre voile.
Sinon la température se réchauffe de plus en plus, le soleil se montre davantage.
Un paille-en-queue vient nous souhaiter la bienvenue, son joli plumage blanc éclatant de soleil.


Le 23 décembre 2011 :

Nous sommes à moins de 5 Mn de la pointe nord de l'île de Sal.
Le clapot de travers s'est renforcé cette nuit avec le vent, il en résulte un désagréable roulis.
Je vous laisse imaginer mon confort à la table à cartes pour vous donner des nouvelles.
Yann ar Mor, transformé en bilboquet poursuit sa route sans trop gémir, craquant de partout comme un vieux gréement alors qu'il n'a que 12 ans.
Comme souvent près d'un cap ou d'une île, le vent se renforce, jusqu'à 29 nds, il ne reste plus qu'un tout petit bout de génois.
Pas de lune, le ciel est noir mais constellé d'étoiles, il fait bon.


  Tropique  40 ans mariage  Champagne  Sal



A 2 Mn, les hauteurs de l'île ne sont toujours pas visibles.
En dépit de la confiance que j'ai dans les cartes électroniques, j'allume le radar pour bien situer notre position par rapport à la terre.
Ensuite, les premières lueurs de l'aube confirment que nous avons bien doublé le nord de Sal.
Son plus haut sommet, le Monte Grande (407 m) dessine progressivement les contours de son cône volcanique.
Il ne reste plus que dix  milles avant l'arrivée, un paille-en-queue vient saluer notre beau voilier.
Il fait suffisamment jour quand nous arrivons dans la baie de Palmeira où un mouillage encombré nous attend.
Le pavillon de courtoisie est hissé à tribord ainsi que le pavillon jaune en attente des formalités d'entrée au Cap Vert.
Nous avons parcouru 822 Mn en moins de 6 jours.